Associé au sujet : Les low tech
Un concept encore méconnu du grand public et qui, plus que probablement, aura toute son importance dans la transition sociale écologique, est ce qu’on appelle la low-tech, en opposition à la high-tech qui typiquement caractérise des technologies bien souvent très coûteuses, polluantes, souvent peu renouvelables et complexes.
Au contraire, les low-tech sont des technologies :
- qui répondent à de vrais besoins (utiles)
- qui sont fiables, robustes, renouvelables, durables (elles sont réparables, conçues autour de ressources matérielles qui se renouvellent plus ou moins rapidement et qui confèrent aux matériaux une certaine durée/qualité de vie, et dont les techniques d’extraction, de fabrication et d’utilisation sont les moins énergivores et polluantes possible)
- peu coûteuses dans leur développement et mise en place, faciles à réaliser, à installer et à réparer (accessibles à tous)
Si certaines low-tech sont un peu plus archaïques et datent de temps anciens, d’autres ont continué à être développées et sont donc totalement dans l’ère du temps. Pour un ingénieur low-tech, il est donc question, en fonction d’un écosystème donné, de développer des technologies en adéquation avec celui-ci, ou bien d’étudier et de comprendre les low-tech développées ailleurs dans le monde pour être capable de les modifier, améliorer et adapter là où l’on en a besoin, en accord avec les enjeux locaux.
A l’heure actuelle, les low-tech occupent peu d’espace dans le débat de la transition écologique, que ce soit au sein des gouvernements ou du secteur privé. Il faut dire que ces techniques s’inscrivent en dehors du schéma productiviste et « rentabiliste » classique (puisque les low-tech se veulent accessibles au plus grand nombre, socialement utiles et véritablement durables) et qu’elles demanderaient d’adapter pas mal d’outils de production, au moment où les industriels parlent toujours de produire plus et d’obsolescence programmée.
Toujours est-il que l’esprit low-tech nous initie à une utilisation des technologies plus proche des citoyens, à une vision plus partageuse des ressources et à une mise en commun de savoirs divers et variés (à l’image de l’open source). C’est donc un moyen efficace de reconnecter l’individu à ce qu’il utilise, à son écosystème mais aussi aux autres, et de redonner un sens social fort à la technique.
Bien sûr, un monde davantage compatible avec la low-tech ne résoudra pas tous nos problèmes (comme dirait Rabelais, « science [et technique] sans conscience n’est que Ruine de l’âme »). Et à l’évidence, la low-tech n’est pas compatible avec un confort de vie superflu, à l’instar d’une habitation entièrement connectée, cela va de soi. Par contre, pour un peu de confort matériel en moins chez la classe moyenne (et insistons bien sur le « un peu », il n’est pas question de retourner à l’âge de pierre en perdant toute forme de confort rassurez-vous), notre empreinte écologique pourrait être drastiquement réduite !
« La low-tech n’est pas un refus de la technologie. Un monde low-tech n’exclut par la high-tech, mais la questionne et y recourt quand elle est nécessaire, par exemple dans la santé, la gestion des réseaux. La démarche low-tech remet la technologie à sa juste place. »
In fine, la low-tech n’a pas pour vocation de remplacer n’importe quelle high-tech, qui dans des domaines bien particuliers restera toujours indispensable (exemple : l’imagerie médicale). Elle propose surtout la définition d’un cadre basé sur la préservation des écosystèmes, qui articulerait le développement technologique autour des besoins sociaux et essentiels à chacun, et réinterroge précisément la manière dont on développe et exploite depuis des décennies voire siècles l’ensemble des outils créés.
Pour le dire autrement, ce concept invite avant tout à une réflexion philosophique : quelle société désirons-nous ? Car vous l’aurez compris, la low-tech n’est pas vraiment compatible avec un monde qui prône la surconsommation, la marchandisation de tout ce qui existe, l’industrialisation débridée telle que nous la connaissons aujourd’hui. le culte de la croissance ou encore l’anéantissement du vivant…
Alors, la low tech dans la transition sociale écologique, ça vous inspire quoi ?
Sources (et pour aller plus loin) :
– La vie low-tech en 2040 – récit prospectif piloté par L’Institut Paris Region et l’Adeupa
– Une maison totalement écologique et low-tech
– A la rencontre d’APALA et d’ENERLOG, pionniers de la low-tech en France
– PlansB – Low-tech : donner du sens aux ingénieurs ? Entretien avec Quentin Mateus du low-tech lab
– Reporterre – Ne laissons pas le marché s’emparer des low-tech
– Ingénieur-es engagé-es – Low-tech : le paradoxe de l’entrepreneuriat