Associé au sujet : Le dérèglement climatique, Fonte des glaciers, Montée des océans

 

Après avoir parlé des causes, voici les principales conséquences du réchauffement climatique. Bien évidemment les informations que vous trouverez dans cet article ne sont pas exhaustives, tant il nous faudrait bien plus qu’un seul article pour expliciter l’ensemble des phénomènes biophysiques et biogéochimiques impactés par le réchauffement climatique. Nous espérons cependant que le contenu proposé, bien qu’il fasse l’impasse sur de nombreux détails, soit suffisamment étoffé pour prendre toute la mesure du bouleversement climatique à l’œuvre.

A cet égard, s’il y a bien un article à lire sur notre site, c’est bien celui-ci dans la mesure où nous sommes convaincus qu’avoir connaissance de ce contenu relève de notre responsabilité citoyenne. Nous vous encourageons donc fortement à le parcourir et à en parler autour de vous.

 

Un monde à -5°C, une histoire glaciale

 

Comme nous l’avons vu précédemment, le dérèglement climatique que nous subissons et allons subir durant les prochaines décennies (voire plus si « affinités ») est exclusivement d’origine anthropique et provoqué par une augmentation des Gaz à Effet de Serre dans l’atmosphère.

En effet, depuis la dernière ère glaciaire (qui s’est terminée il y a 11 700 ans), nous sommes dans une période interglaciaire appelée « Holocène », qui doit théoriquement se poursuivre encore plusieurs milliers d’années (ces périodes de variation sont dues notamment à l’inconstance au cours du temps de la trajectoire orbitale de la Terre, tantôt plus éloignée, tantôt plus proche du soleil).

Dans tous les cas, la température moyenne du globe n’est pas censée augmenter si rapidement en si peu de temps ( + 1.2°C depuis 1850) : il y a tout juste 20 000 ans, le dernier maximum glaciaire, c’est-à-dire la période durant laquelle le froid a atteint son ampleur maximale, admettait une température moyenne sur Terre de 5°C inférieure à celle que nous avons aujourd’hui.

 

 

En d’autres termes, depuis cette période de grand froid il y a déjà bien longtemps de cela, la température moyenne n’a augmenté que de 4°C jusqu’à l’Holocène (en l’espace de 10 000 ans, donc), alors que depuis la Révolution Industrielle (c’est-à-dire 150 ans à peu près), elle a augmenté de plus d’un degré… Précisons également que la température moyenne terrestre est restée à peu près constante de l’Holocène jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle (avec de légères fluctuations, somme toute déjà négligeables et/ou épisodiques devant le réchauffement climatique enregistré depuis 1850). Est-ce grave pour autant ?

La carte présentée ci-dessus est à ce propos particulièrement éloquente : en Europe, pour 4°C en moins par rapport à la Révolution Industrielle, on obtient une transformation radicale du continent avec :

  • 3 km d’épaisseur de glace recouvrant toute la Scandinavie (Adieu très chères forêts, bonjour les esquimaux)
  • la Suisse, l’Irlande et l’Écosse eux aussi recouverts de glace (il y gèle toute l’année grosso modo)
  • la disparition de la mer du Nord (c’est un gros glaçon aussi)
  • le niveau de la mer inférieur de 120 m par rapport à l’Holocène
  • un climat général beaucoup plus froid (et donc sec car moins d’évaporation, l’eau à l’état vapeur étant en quantité bien moindre lorsqu’il fait très froid)

Pour résumer, avec 4°C en moins par rapport à l’Holocène, la végétation européenne correspond à ce qu’on peut trouver aujourd’hui au nord de la Sibérie… Dès lors on comprend tout de suite pourquoi la civilisation humaine n’a pu se développer qu’à partir de l’Holocène.

 

Inertie climatique et monde à +4°C

 

Bon, c’est bien de savoir tout ceci, mais qu’en est-il du présent ?

Aujourd’hui, le réchauffement climatique est déjà bien en route. A l’heure actuelle les scientifiques quantifient cette élévation moyenne de température à 1.2°C par rapport à la période préindustrielle, et annonce pour l’horizon 2030-2035 1.5°C d’augmentation (soit une élévation de 0.3°C en 1 décennie).

Autre information importante : quoi que l’on fasse, à cause de tout le CO2 déjà accumulé dans l’atmosphère depuis ces dernières décennies, et à moins de développer des techniques capables de capter du CO2 en masse sans en émettre (spoiler alert : il n’y en a pas), nous ne pourrons échapper à une augmentation d’environ 2°C minimum…

 

 

Eh oui : même en plantant massivement des arbres, étant donné que la biosphère absorbe SEULEMENT 20% du carbone anthropique, c’est absolument impossible d’y échapper (d’autant qu’on continue de déforester ce qu’il nous reste de forêts) !

Pour le coup, c’est en fonction des émissions accumulées dans l’atmosphère que nous pourrons ou non limiter l’effet de serre à +2°C. D’où l’importance d’agir MAINTENANT pour DEMAIN !

Encore une fois, précisons que cette élévation de température est une MOYENNE : les effets sont donc localement aussi divers que variés. Mais une chose est certaine : l’intensité des conditions météorologiques extrêmes (canicule/sécheresse, très fortes précipitations, orages) va évoluer crescendo sur à peu près toute la surface du globe, et des centaines de millions (peut-être même des milliards d’ici la fin du siècle) d’individus vont devoir migrer ailleurs à cause de l’inhabitabilité de nombreuses régions devenues hostiles.

Ainsi, pour une élévation de température de 4°C d’ici la fin du siècle, toute la Centrafrique, l’Amérique centrale et l’Asie du Sud/Sud-Est deviendront complètement inhabitables toute l’année. La côte est des États-Unis, le bassin méditerranéen et une bonne partie de l’Australie seront également des zones mortelles 1 jour sur 3. En résumé, il sera impossible de vivre sur toute la bande équatoriale.

 

 

Ceci s’explique par l’important taux d’humidité que l’on y trouve. Or, si la température est vouée à y augmenter dans les décennies qui suivent (et c’est ce que les climatologues s’accordent à dire, étant donné que c’est une zone relativement proche du soleil et donc plus sensible à l’effet de serre), l’air étant saturé en humidité, le corps n’est plus capable de refroidir par évapotranspiration. Dans ces conditions, des températures avoisinant les 35 °C sont mortelles.

Au niveau alimentaire, à force d’avoir appauvri nos sols et confrontés à de tels flux migratoires pour si peu de ressources locales disponibles, nous vous laissons là aussi imaginer ce qui pourrait se produire…

 

Des phénomènes irréversibles déjà en marche

 

Concernant les précipitations, le surplus global (lié à une augmentation de l’évaporation du fait des températures en moyenne plus élevées sur Terre) sera mal réparti : il pleuvra plus dans les hautes latitudes et dans certains pays d’Afrique, mais le pourtour du bassin méditerranéen va voir ses précipitations significativement diminuer (idem en Amérique du Sud, dans le sud de l’Afrique, aux États-Unis, en Asie Mineure et à l’est de l’Asie).

 

 

Là où les précipitations resteront constantes mais où les températures augmenteront, les sols s’assècheront également plus vite. Bref, les sols et en particulier les nôtres, seront soumis à un stress qui pourrait poser problème à notre souveraineté alimentaire (rien que pour le bassin méditerranéen, pour une hausse de 2 degrés seulement on aurait 20% d’assèchement des sols)…

Selon le GIEC, à partir de 3 degrés d’augmentation, une insécurité alimentaire pourrait ainsi se généraliser à l’échelle de la planète (alors que, pour rappel, on annonce 9 milliards d’individus en 2050)… ce qui nous conduirait à une instabilité politique comme on n’en a plus connu depuis des siècles.

 

 

Autre point important : la fréquence et l’intensité des tempêtes sont vouées à augmenter avec l’effet de serre : à cause de l’interception accrue (merci à nos émissions) des infrarouges par la troposphère (la couche de l’atmosphère qui renvoie les infrarouges à la Terre), la haute atmosphère (aussi appelée stratosphère) intercepte moins de rayonnements infrarouges et donc, se refroidit.

Conséquence : la différence de température entre la haute atmosphère et la troposphère augmente, donnant lieu à davantage de phénomènes climatiques extrêmes : orages, tornades et ouragans.

Comment ne pas également aborder le sujet de la fonte des glaces… Là aussi malheureusement quoi que nous fassions, le Groenland va continuer à fondre car sa faune crée tout un tas de processus d’amplification de cette fonte :

  • concentration de poussières amenées par le vent à cause de la fonte des neiges, ce qui rend la surface plus sombre et donc… plus sensible au rayonnement ;
  • baisse d’altitude de la surface gelée causée par la fonte, or plus l’altitude baisse, plus la température augmente ;
  • fonte de la banquise, qui devient de l’eau (surface moins réfléchissante) et non plus de la glace (surface bien réfléchissante). Conséquence : plus de rayonnement absorbé, augmentation de la température de la calotte et ainsi de suite.

 

 

Conclusion : emballement de la fonte des glaces, vouée à augmenter de 3 à 6 mètres le niveau de la mer dans les siècles à venir… Même constat pour la calotte de l’Antarctique de l’ouest, qui pourrait également contribuer à une élévation des mers de 3m… soit 9 mètres au total ! Bruxelles-les-bains a du souci à se faire !

 

 

Bon, tout cela est théoriquement prévu dans 4 siècles, donc quoi qu’il arrive nous n’aurons pas les pieds dans l’eau de notre vivant… Mais ça fait quand même réfléchir sur la chose avec laquelle nous sommes en train de jouer.

Alors maintenant, on fait quoi ?

 

Chaque dixième de degré compte !

 

« On voit tous les symptômes de ce cancer qu’est le changement climatique et les climatologues, qui sont un peu les médecins de l’Histoire, on vous dit qu’on ne s’adaptera pas à +3 ou +4°C. Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre. »

« On estime qu’à +4°C, il ne pourrait y avoir qu’un milliard de personnes habitant sur la planète. » (Davide Faranda, climatologue)

Pour résumer :

  • la trajectoire d’élévation de température liée aux GES est déjà gravée dans le marbre pour 2050 et elle nous amène déjà à 2 degrés. Le scénario le plus optimiste est donc celui où l’on arrive à limiter le réchauffement planétaire à +2°C, et il ne serait possible qu’en réduisant drastiquement les émissions de GES ces 30 prochaines années (si on commence à réduire nos GES dans 10 ans ce sera donc déjà trop tard et on se dirigera vers un réchauffement a minima de 2.5/3 degrés d’ici la fin du siècle).
  • Pour réduire le réchauffement à 2 degrés, il faudrait, dans les pays riches, diviser par 3 à 6 les émissions de GES par individu, ce qui correspond à une baisse des émissions d’au moins 5% par an – soit pour notre économie, l’équivalent d’un Covid entrainant 2 mois de confinement supplémentaires chaque année (autrement dit, chaque année où on loupera cette baisse de 5% nous éloignera un peu plus de cet objectif). Chez TSEB, notre avis est que si dans les 5 prochaines années nous n’arrivons pas à baisser de 5% les émissions de GES, nous nous dirigerons inexorablement vers une augmentation de 2.5, voire 3°C.
  • Si l’on ne parvient pas à limiter le réchauffement à +3/+4°C, d’ici la fin du siècle (2075 à 2100) une bonne partie de la planète deviendra inhabitable, la souveraineté alimentaire sera gravement menacée et nous serons amenés à vivre une crise sans précédent (en tant que personnes en fin de vie, qui plus est !). In fine, nous n’avons plus qu’une vingtaine d’années grand maximum à compter d’aujourd’hui, pour éviter que ce scénario apocalyptique voie le jour !
  • Les conséquences ne seront pas linéaires, mais exponentielles : à +4°C, l’intensité des phénomènes liés au changement climatique sera peut-être 50 fois plus élevée qu’en ayant +2°C !
  • La grande barrière de corail risque de disparaitre quoi qu’on fasse.
  • Les risques d’incendie vont substantiellement augmenter, notamment en France (et on perçoit déjà le phénomène dans certains pays)
  • Disparition d’espèces animales et végétales qui n’auront pas su s’adapter.
  • Intensification des phénomènes climatiques extrêmes.
  • Glou glou le Groenland. Les Pays-Bas, une partie de la Belgique et tout un tas d’archipels/iles/zones côtières iront rejoindre l’Atlantide dans les siècles qui viennent.

Plus tout un t’as d’autres conséquences qu’on ne connait pas encore ou mal, et dont on ne peut imaginer la portée… Bref, chaque dixième de degré compte et plus vite nous commencerons à limiter les émissions de Gaz à Effet de Serre, plus nous réduirons la probabilité d’avoir des conditions inhabitables un peu partout d’ici la fin du siècle.

 

 

Grande conclusion à tout cela : si vous ne voulez pas finir vos vieux jours dans le chaos le plus total, avec pour seul dilemme le choix entre un suicide et une abominable souffrance, il va falloir que nous agissions collectivement et le plus rapidement possible (c’est-à-dire, maintenant). Et ne parlons même pas de nos enfants et petits-enfants…

Voilà pourquoi la situation est si urgente et nécessite des mesures radicales. Se balancer la patate chaude ne nous sera d’aucune utilité et la Nature n’en a que faire de la responsabilité individuelle de chacun. Ce qu’il faut c’est un changement systémique intégral, possible uniquement avec une politique ambitieuse et profondément démocratique. Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

 

Sources (et pour aller plus loin) :