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Le changement climatique : des raisons de s’inquiéter ?

Pourquoi donc a-t-on peur du changement climatique ? L’écologie reste un sujet qui divise : une question de survie pour certains, une question de taxes pour d’autres, un sujet mystérieux pour le reste. Tentons de développer, étape par étape, pourquoi notre collectif prend cette problématique au sérieux. 

Tout d’abord, sans parler du pourquoi, il semble aujourd’hui assez ambitieux de nier que la planète se réchauffe. Tous les relevés de température l’indiquent : les glaciers fondent, les canicules se multiplient, la neige se fait de plus en plus rare, bref les exemples ne manquent pas. L’Institut Météorologique Belge (IRM) le montre également pour notre pays dans divers graphiques, comme celui représenté sur la figure 1 [1]. On y observe clairement que le climat se réchauffe depuis le début du siècle dernier.

Figure 1: Evolution de la température en Belgique de 1833 à 2019 

A l’échelle mondiale et en observant les variations sur une période plus longue, il est possible de se rendre compte de la rapidité avec laquelle ce changement a lieu, comme indiqué sur la figure 2 [2].

Figure 2: Evolution de la température mondiale sur les 2000 dernières années

Ainsi, non seulement une période de refroidissement a été inversée, mais en plus la montée des températures est très rapide et observée sur l’ensemble du globe, ce qui semble particulièrement exceptionnel. Nous étudierons l’histoire du climat au travers d’un autre article, et nous en avons déjà un concernant l’effet de serre, En attendant, ce que nous savons, c’est que le GIEC nous indique que le réchauffement climatique est dû aux activités humaines. Encore faut-il pouvoir les croire… Restons vigilants quant aux discours dominants, sait-on jamais…

Le GIEC est-il digne de confiance ?

Le sixième rapport du GIEC (IPCC en anglais) indique que l’impact des humains sur le climat est incontestable, comme le montre la figure 3 [3], qui peut se traduire comme suit: « Il est indiscutable que les activités humaines causent un changement climatique, qui rend des événements climatiques incluant vagues de chaleur, fortes pluies et sécheresses plus fréquents et sévères ».

Figure 3: Indiscutabilité de l’origine humaine du changement climatique

Faut-il pour autant croire le GIEC sur parole ? Remettre en question les discours officiels est sain, mais nous n’avons pas les ressources au sein du collectif pour le faire d’un point de vue technique. Ce que nous pouvons faire néanmoins, c’est chercher à comprendre quels sont les objectifs du GIEC et quelles seraient les raisons qui pousseraient cette organisation à mentir sur les causes du changement climatique. 

Le GIEC a été créé en 1988 pour informer les gouvernements sur l’état de la recherche scientifique sur l’évolution du climat. Son rôle est donc de lire les articles scientifiques publiés (après vérification par d’autres scientifiques indépendants, suivant le processus classique de publication) sur l’évolution du climat et de résumer l’état des connaissances actuelles aux gouvernements. Il est composé de 195 membres, et des milliers de personnes à travers le monde contribuent au travail qu’il réalise. 

Pourquoi les membres du GIEC mentiraient-ils donc sur la cause du changement climatique ?

  • L’argent  ? Le budget du GIEC se situe aux alentours de 6 millions d’euros [4]. Il ne réalise pas lui-même ses études, il ne les finance donc pas. Les scientifiques qui réalisent les rapports de synthèse s’engagent bénévolement. A titre de comparaison, l’entreprise TotalEnergies a fait un bénéfice de 16 milliards de dollars en 2021, soit presque 3000 fois le budget du GIEC. L’intérêt financier est donc nul, et les résultats obtenus sont totalement contre-productifs du point de vue économique dans notre système actuel. 
  • Les États utiliseraient le GIEC pour faire payer plus de taxes ? Tout d’abord, pour rappel, les taxes sont utilisées pour le peuple avec en tête des dépenses les pensions, les soins de santé et l’enseignement, comme l’indique la figure 4 [5] pour 2019. De plus, les États ne suivent pas du tout les recommandations du GIEC, puisque les émissions de CO2 n’ont fait qu’augmenter depuis sa création. L’Etat n’a donc pas d’intérêt à utiliser le GIEC pour lui donner des conseils qu’il ne suit pas, et il n’a de toute façon pas besoin de prétexte écologique pour augmenter les taxes. 
Figure 4: Utilisation des taxes en Belgique en 2019, pour 100€ de taxes
  • Par idéologie politique ? Le changement climatique n’a rien de politique en soi, et il semble hautement improbable qu’une immense majorité de scientifiques étudiant le climat dans le monde entier aient tous la même opinion politique. Les scientifiques plutôt « conservateurs », et ils existent évidemment, auraient déjà réussi à prouver l’inverse. Cependant, une énorme majorité (99,4% [6] des articles mentionnant le changement climatique) de scientifiques indique que le réchauffement climatique est d’origine humaine, ce qui ne colle pas avec la théorie d’un biais politique. 
  • Pour ne pas reconnaître son erreur ? Si le réchauffement climatique n’est pas lié à l’activité humaine, le GIEC devrait être d’autant plus inquiet car cela signifie que nous ne savons pas où et quand ce réchauffement va s’arrêter, et nous ne pouvons donc pas nous y préparer efficacement ! De même, du point de vue de la fierté scientifique, il s’agirait de la découverte du siècle et il ne fait pas de doute que d’autres pistes sont explorées, mais qu’elles n’ont aujourd’hui pas abouti à des résultats convaincants. 

Pour toutes ces raisons, sans connaître en détail toute la science qui en découle, le collectif accepte de croire le GIEC lorsqu’il indique que le changement climatique est lié à l’activité humaine, jusqu’à preuve du contraire.

De plus, suivant le raisonnement selon lequel les moins de 1% de scientifiques climatosceptiques auraient raison, il convient d’accepter qu’à l’inverse, si seulement 1% des scientifiques croyaient à l’origine humaine du réchauffement, il faudrait considérer qu’ils ont autant de poids que les 99% de climatosceptiques !

Voici donc une partie de la réponse à la question initiale : pourquoi une transition sociale et écologique ? Du point de vue écologique, nous avons le pouvoir de limiter les conséquences du réchauffement climatique qui, avouons-le, ne sont pas très réjouissantes.

Appliquer le principe de précaution ?

Dans tous les cas, pourquoi ne pas appliquer un principe de précaution climatique ? Imaginons que nous réduisions nos émissions et notre consommation d’énergie fossile :

  • si les scientifiques ont raison, nous améliorerons notre situation et garantirons un futur meilleur à toute l’humanité ;
  • si les scientifiques ont tort, et que dans 100 à 150 ans nous remarquons que rien n’a changé, le pétrole n’aura pas disparu et il sera toujours temps de l’utiliser et de relancer l’industrie intensive et fabriquer des systèmes de climatisation pour tout le monde sans remords !

Dans l’autre sens, si nous ne faisons rien :

  • si les scientifiques ont raison, nous nous tirons une sacrée balle dans le pied en nous exposant à des rendements agricoles réduits, à une crise économique liée à la diminution non planifiée de l’utilisation des ressources fossiles (puisque sans elles, pas de croissance), à des crises migratoires, etc.
  • si les scientifiques ont tort, le climat continue de se réchauffer sans qu’on sache pourquoi, ou il revient à la normale sans qu’on sache pourquoi, et la société actuelle continue son petit bonhomme de chemin.

Ainsi, dans l’un des deux cas, au pire il ne se passe rien et l’on peut revenir en arrière. Dans l’autre, au pire, nous devons gérer des conséquences désastreuses que nous aurions pu éviter. Nier la possibilité que le réchauffement soit lié à l’activité humaine, c’est un peu comme décider de jouer à la roulette russe sur base du fait qu’on ne sait pas si le pistolet est chargé ! Pourquoi ne pas simplement éviter de prendre le risque ?

Et si c’était faux ?

Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Nous ne considérons pas détenir la vérité absolue. Nous comprenons que certains puissent remettre ce qu’ils entendent/voient en cause, et dans une certaine mesure, nous considérons cette attitude comme saine. Ainsi, imaginons quelques instants que le réchauffement climatique ne soit pas lié aux activités humaines, permettant la continuation du « business as usual » (ou business comme d’habitude).

Aujourd’hui, le but de nos pays est d’augmenter leur PIB et maintenir la croissance économique, théoriquement afin d’augmenter le taux d’emploi et la qualité de vie. Pour cela, il faut consommer toujours plus. Ceci dit, du point de vue matériel, cela coince car nous utilisons tous les ans plus que ce que la planète peut nous offrir. Prenons l’exemple du « jour du dépassement » survenu le 28 juillet en 2022 [7] : nous avons donc besoin de 1,75 planètes pour soutenir la consommation matérielle mondiale actuelle.

Si le PIB d’un pays n’augmente plus, il entre en récession, et nous assistons à une crise économique. Les économistes qui travaillent sur la question tentent de déterminer des modèles économiques dans lesquels la croissance économique n’implique pas forcément d’émission de gaz à effet de serre, ou éventuellement de ressources naturelles. Sachez, si vous êtes sceptique par nature, que ces théories économiques sont largement plus controversées que celles liées au changement climatique. Il n’y a donc, aujourd’hui, pas de croissance verte possible (ou en tout cas, ce n’est pas prouvé et nous n’en sommes pas proches). Ainsi, les limites planétaires ne nous permettent pas de continuer à croître [8].

De même, notre mode de vie repose essentiellement sur les énergies fossiles qui représentent 80% de l’énergie mondiale. Aujourd’hui, il est estimé que les sources identifiées de pétrole notamment seront épuisées d’ici 54 années, un peu plus de 100 ans pour le charbon et l’uranium[9]. Nous voyons déjà aujourd’hui les conséquences de notre dépendance au gaz russe sur notre qualité de vie, et cela ne peut que devenir pire avec les années si nous n’apprenons pas à nous passer de ces ressources.

Ainsi, nous n’avons tout simplement pas les ressources pour continuer à croître pendant les 50 prochaines années. Cela implique que, si nous ne nous y préparons pas, nous ferons simplement face à une crise sans commune mesure avec ce que nous avons vécu jusqu’ici et les pays dont nous dépendons pour la production de tout ce que nous importons (énergie fossile, métaux, produits pharmaceutiques, voitures, chaudières, électroménager, … [10]) auront probablement intérêt à garder leurs produits essentiels pour eux.

Les arguments pour le « business as usual » sont donc :

  • ça a toujours fonctionné (sauf que tous les ingrédients menant à une crise économique similaire à celle de 2008 sont toujours réunis [11])
  • le marché se régule tout seul, l’offre et la demande se rencontrent en un juste milieu, peu importent les circonstances. Le problème ne vient pas du système lui-même mais du fait qu’il y ait soit de l’offre, soit de la demande carbonée.

Les arguments pour un changement de système sont, quant à eux, sans même considérer le changement climatique :

  • la dépendance aux énergies fossiles, pratiquement pas extraites/produites en Europe (ne parlons pas de la Belgique), qui peut provoquer une flambée des prix en cas de conflit géopolitique comme nous l’observons aujourd’hui ;
  • le fait que ces énergies fossiles seront très probablement épuisées d’ici un siècle dans tous les cas ;
  • le fait que l’augmentation du PIB, qui est l’objectif principal de tout pays dans notre système actuel, est un indicateur imparfait [12]. D’autres indices comme l’indice de développement humain sont ainsi considérés comme indicateurs plus précis non pas basés sur la production de richesse d’un pays mais sur le bien-être de ses habitants, ce qui finalement devrait être l’objectif fondamental ;
  • le retour d’un certain savoir-faire plus basique dans nos pays : nos entreprises sont énormément dépendantes de produits que nous ne produisons pas en Belgique ou en Europe (composants électroniques, machines, etc.). Nous perdons donc de jour en jour de l’expérience en fabrication de produits dont nous avons besoin ;
  • notre santé : du plastique découvert partout dans les organismes vivants, la pollution de l’air, des cancers et autres, tous sont directement liés à (ou exacerbés par) nos activités industrielles intenses et peuvent être améliorés par des initiatives plus locales et moins énergivores.

Au final, il semble que même sans changement climatique, nous devions enclencher des changements économiques qui auront un impact positif sur la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, puisqu’il faut de toute façon faire des changements, il est opportun de saisir l’occasion pour rendre notre économie européenne et belge plus résiliente, durable, au service des citoyens et non l’inverse. Voici qui répond donc à la seconde partie de notre question initiale : pourquoi une transition écologique et sociale ? Du point de vue social, puisque l’économie n’est qu’une façon d’organiser la société, nous devons absolument enclencher des changements profonds afin de nous adapter aux limites de notre planète.

Conclusion

In fine, la transition est nécessaire autant du point de vue social qu’écologique:

  • du point de vue écologique, il est indiscutable que nos activités sont à l’origine du changement climatique et de ses conséquences. Plus le climat global se réchauffe, pires seront les conséquences : zones invivables, crise migratoire, événements climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, feux de forêts, etc.). Nous devons donc faire ce qui est à notre portée pour minimiser le plus possible l’ampleur de cette crise à venir (voire déjà là).
  • du point de vue social, il est suicidaire de croire en la croissance infinie dans un monde fini. Or, l’économie étant une façon d’organiser la société, elle peut être modifiée : ralentissement de la croissance afin de limiter la consommation de matériaux et les émissions de gaz à effet de serre, développement d’une économie plus durable et résiliente afin d’éviter une crise économique qui semble inévitable dans notre système actuel, en bref, réorganiser notre manière de vivre ensemble.

Toutes ces raisons nous amènent à faire de notre mieux pour dégager des solutions de transition, au niveau individuel et collectif, afin d’enclencher ce changement nécessaire. La transition sera possible si un grand nombre de citoyen.ne.s s’impliquent, mais chaque petit geste compte puisque nous pouvons tou.te.s mutuellement nous inspirer et toutes les idées, pour autant qu’elles soient au service de l’intérêt commun, sont bonnes à prendre !

Comme toujours, n’hésitez pas à nous interpeler si vous avez des questions concernant le contenu développé dans cet article.


Sources :
[1] Institut Royal Météorologique – Changement climatique en Belgique

[2] Climate Lab Book – 2019 years

[3] 6eme rapport du GIEC, groupe de travail 1, ressources multimedia

[4] Gouvernement Français – Comprendre le GIEC

[5] RTBF – A quoi servent nos impôts?

[6] Etude de James Powell sur le consensus scientifique autour du changement climatique

[7] World Wide Fund For Nature (WWF) – Jour du dépassement

[8] La finance pour tous – Institut pour l’Education Financière du Public (IEFP, France) – La croissance

[9] EDF (France) – L’épuisement des ressources

[10] International Trade Center – Trademap

[11] Gilles Mitteau (Heu?reka) sur le livre « Swimming with sharks » de Joris Luyendijk

[12] La finance pour tous – Institut pour l’Education Financière du Public (IEFP, France) – Le PIB

Ami des lobbies – Climatosceptique

Organisation Météorologique Mondiale – Progression continue du changement climatique